www.cairotalkingheads.blogspot.com

audioblog réalisé à l’occasion d’une résidence à l’antenne de Pro Helvetia le Caire, février-mars 2007
en collaboration avec Gilles Aubry

Collection HEK Basel

3 fils
Le fil principal est la documentation d’environnements sonores, de faits d’oralité et d’éléments ayant trait à la culture auditive. Le deuxième est la tentative d’apprentissage d’une langue inconnue, l’arabe en l’occurrence, par l’écoute profonde (deep listening) et l’imitation. Le troisième est l’approche de jeunes activistes démocrates qui internationalisent leur voix et leur combat à travers des blogs rédigés en anglais. Les 3 fils s’entretissent pour réfléchir sur ce qu’il reste, partout, de l’Orientalisme, et pour trouver des voies où l’on s’exposerait davantage, par exemple en se tenant sans cesse à l’écoute et, alors, transmettre.
Réflexions, textes portant sur les différentes rencontres et les situations vécues, transcriptions d’interviews et pièces sonores forment les éléments qui jalonnent le blog www.cairotalkingheads.blogspot.com. En y accédant, qui surfe se soumettra d’emblée à la tension sonore du Caire, et peu à peu se prêtera au jeu de mélanger soi-même les pièces de son pour remonter son paysage.

reprise des 3 fils
Etape obligée du « voyage en Orient », tant de fois peinte, photographiée, filmée ou visitée, moins souvent pour y découvrir l’altérité que pour y retrouver tel objet forgé par l’imaginaire occidental, le Caire, jusqu’ici, n’avait guère été écoutée. Or c’est aujourd’hui l’une des villes les plus bruissantes du monde. La parcourir micro au poing et casque sur la tête est une manière efficace de contrebalancer notre vision, si bien cultivée dans la tradition dont nous sommes issus, par une paire d’oreilles s’ouvrant au son environnemental. La combinaison micro+casque détourne pour un temps notre concentration sur l’aspect frontal, au profit d’un sentiment englobant. Elle permet un jeu d’éloignement et de rapprochement avec la situation vécue
/ Comment arriver au Caire sans tomber trop bas dans notre sempiternel rôle colonial ? Première chose, nous ne parlons pas l’arabe, par paresse sans doute, individuelle et culturelle, or pourtant la conjoncture géo-politique, si l’on veut éviter de donner dans le „choc des cultures“ tant rabâché, devrait nous y inciter... mais non, on écoutera encore et encore, par bouts minuscules, et on imitera la langue, hors le sens, comme une musique, et on soumettra nos résultats à nos amis arabophones
/ De jeunes activistes égyptiens défendent la démocratie et, d’ici, on le sait parce qu’ils donnent une visibilité internationale à leur combat, à travers des blogs qu’ils écrivent en anglais. Au fil des jours ils luttent, descendent dans les rues, souvent ils se font arrêter, parfois torturer, puis, de retour, à partir d’un poste internet, ils décrivent les événements, les propagent sur le réseau mondial, et retournent au feu. On cherchera à les rencontrer sur place et à leur demander ce qu’ils disent de ce qu’on fait, et de ce qu’on pourrait faire